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02-02-2024
13:44
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Février débute en Andalousie avec les rues de Séville prises d'assaut par des agriculteurs protestant contre la gestion de la sécheresse la plus importmnate depuis 30 ans.
Parallèlement, le président de la Région Andalouse se rend à Bruxelles pour demander davantage de fonds face à l'urgence hydrique, tout en demandant à l'État Espagnol davantage de barrages et d'investissements. Les derniers investissements concernant les retenues d'eau et les barrages remontent à très longtemps et nombreux sont les Espagnols qui, avec cette sécheresse persistante, se remémorent avec nostalgie la politique des barrages du régime franquiste.
A Marbella, Jesus Gil, tellement décrié ses abus en termes d'urbanisation de la ville, a également été impitoyablement critiqué par l'opposition lorsqu'il a construit une usine de dessalement pendant ses années de splendeur, destinée à la consommation urbaine de sa cité. On ne peut aujourd'hui que lui donner raison.
Les restrictions à la consommation humaine se propagent sur la carte et touchent des millions d'Andalous. Cependant, dans cette dynamique apocalyptique, un oasis de réalité attire l'attention où les arroseurs coulent sans être affectés par la sécheresse : les terrains de golf.
Entre complexes de luxe avec des terrains de golf, espaces fédérés ou terrains d'entraînement, l'Andalousie compte 114 parcours de golf.
L'Andalousie représente 25 % de tous les terrains de golf en Espagne, plus de la moitié d'entre eux étant concentrés sur la Costa del Sol.
Malgré les quatre millions d'Andalous directement ou indirectement affectés par les restrictions d'eau en ce moment, la Junta de Andalucía a rejeté les demandes de fermeture ou de restrictions des terrains de golf. Selon le porte-parole et conseiller de l'Environnement de la Junta de Andalucia, Ramón Fernández-Pacheco, 80 pour cent des terrains de golf d'Andalousie sont irrigués avec de l'eau non potable régénérée, affirmant que l'idée que les terrains de golf sont le problème est catégoriquement fausse.
Pour la Région Andalouse, restreindre l'eau sur les terrains de golf n'aurait de succès que sur le plan démagogique, mais aurait peu d'effet sur la gestion de la sécheresse.
Cependant, il est légitime de se demander quel autre usage pourrait être donné à l'eau régénérée et pourquoi il n'y a pas de restrictions sur les plus de 20 espaces qui sont arrosés avec de l'eau potable.
Aucune réponse du Bureau en charge de l'Agriculture, responsable de la gestion de l'eau, n'a été fournie concernant des mesures supplémentaires pour les plus de 20 terrains qui utilisent de l'eau du réseau commun. Un parcours de golf de 18 trous consomme entre 150 000 et 400 000 mètres cubes d'eau par an. La fourchette est large car la consommation dépend du sol, du type de pelouse et de la nature du terrain, mais également de l'irradiation solaire. En Andalousie, les consommations se situent dans la tranche la plus élevée.
Pendant ce temps, les restrictions d'eau sont particulièrement sévères pour Cadix et Malaga. La région de l'Axarquía, près de la Costa del Sol, reflète une dissociation entre les habitants et les touristes à fort pouvoir d'achat.
En Andalousie, près de 60 municipalités ont des restrictions approuvées. À Malaga, par exemple, le maire, Francisco de la Torre, demande des efforts pour réduire de 20 % l'approvisionnement urbain et interdit l'utilisation d'eau potable pour le balayage et l'arrosage des jardins, en plus de fermer les fontaines urbaines et les lave-pieds sur la plage.
Guerre des chiffres
Il est à noter que, il y a moins d'un an, lorsque la Région Andalouse voulait normaliser les irrigations illégales à Doñana, le parc naturel dans la province de Cadix, elle a également donné son accord à la projection d'une mégapole de luxe avec un terrain de golf à côté de Doñana, projet finalement rejeté par la CHG faute d'eau. Le golf en Andalousie est l'une des vitrines du tourisme de luxe et l'Association Espagnole des Golf estime à 1.2 million le nombre de touristes internationaux qui viennent en Espagne, et selon la Real Federación Andaluza de Golf (RFAG), 45 % de l'activité économique qu'ils génèrent est localisée en Andalousie.
À Fitur, , le point de rencontre mondial pour les professionnels du tourisme, Pablo Mansilla, président de la fédération Espagnole de Golf, a affirmé que le secteur a réalisé un chiffre d'affaires de 220 millions en Andalousie. Au vu de ces chiffres, il qualifie 2023 comme étant probablement la meilleure année du golf en Andalousie, et annonce de nouveaux projets qui augmenteront le nombre de visiteurs.
L'eau régénérée ne justifie pas tout
Les partisans de la création de plus de terrains de golf répètent le mantra de l'eau régénérée utilisée pour irriguer 80 pour cent des parcours de golf andalous. Mais que se passe-t-il avec les 20 pòur cent restants? Et surtout, l'eau régénérée pourrait-elle avoir un autre usage ?
L'eau régénérée peut être utilisée pour l'irrigation, non seulement des terrains de golf ou des jardins, mais aussi pour l'agriculture.
Plusieurs analyses hydrologiques rappellent qu'elle peut également être réinjectée dans les aquifères (il suffit de regarder vers l'ouest, vers le parc de Doñana) pour éviter la remontée de l'eau salée de la côte.
Autrement dit, l'eau régénérée n'est pas une ressource en trop, mais une ressource qui doit être de plus en plus utilisée.
Cependant, le terrain de golf n'implique pas seulement l'irrigation, il implique un environnement urbain qui accompagne sous forme de résidences de luxe les parcours. Ces complexes, avec une occupation saisonnière, sont généralement les fournisseurs de l'eau régénérée utilisée pour irriguer les terrains. Mais cette eau ne provient pas d'une consommation qui existait déjà auparavant, dans de nombreux cas, ce qui conditionne le concept de régénérée.
À Séville, les données officielles d'Emasesa, la société des eaux de la ville, confirment que les touristes consomment trois fois plus d'eau que les habitants.
Pour notre part nous doutons fortement de cette donnée qui ne repose sur aucun fait réel, il s'agit a notre sens d'une exagération sans fondement. Cependant, ces nuances ne modifient pas un fait : le golf est la vitrine du tourisme de luxe andalous, malgré la révolution verte que prône la Région Andalouse.